Les Ragonnais se confinent, les Ragonnais s’expriment – épisode 2

Les Ragonnais se confinent parce qu’il est temps de le faire.
Mais même du fond de leur maison, ils s’expriment…

Loin des yeux, pas des plumes !

Pause

La machine a décéléré rapidement. De 1200 tours elle est passée sur pause. Curieusement le silence a fait place au bruit du tambour lancé à toute vitesse. C’est vrai que l’essorage devait s’arrêter. Mais tout de même, pas évident de s’arrêter en pleine course. Le canard continue de courir même la tête tranchée. Oui, les activités à l’intérieur du CSC s’arrêtent, mais la rando en extérieur va pouvoir continuer…mais sans covoiturage… mais sans … mais non. Stop. Pause

Pause obligée, imposée, acceptée. Acceptée d’autant plus que les contraintes ne sont pas énormes pour moi : une maison, un bout de jardinet, un revenu de retraité assuré, une compagne à qui parler et des enfants qui semblent en sécurité. Ils peuvent télétravailler et moi une télé regarder.

Mais effectivement on est en mode « pause », pas banal, pas habituel. Mais à bien réfléchir, un temps pas si loin que ça. Je ne parle pas du temps des vacances où il y a tant à découvrir que la pause n’entre pas dans le time-in.

La dernière vraie pause remonte à janvier 2019. Montréal sous 80cm de neige, visite au petit dernier qui vient de naitre. Tout est suspendu au rythme du bébé. Les horaires sont les siens. Je me réveille à 5h du matin et m’assieds dans un fauteuil pour lire et attendre que la maison s’éveille. Dehors, il neige ce qui épaissit le silence. Je lis, je m’arrête, je suis une fois de plus papi.

Je repense à mon pépé. Le taiseux, qui ne s’exprimait que pour dire à ma mère : « c’est parfait ma fille » même si la nourriture laissait à désirer. « C’est parfait ». Une fin de vie à regarder les poules dans l’enclos tout en fumant une roulée. Nous les petits enfants, nous n’avons pas su écouter notre grand-père. Nous étions dans le mouvement et lui dans l’attente. C’est ainsi, mais actuellement, nous le regrettons.

Je suis papi et j’accepte ce temps de pause. Le petit a réveillé ses parents nous allons pouvoir nous activer. Les horaires sont liés à ses siestes, à celles de ses parents, nous nous adaptons. Curieusement, j’accepte facilement ce régime. Arthur, bien que bébé, donne le tempo : ce que je n’accepterais pas d’un enfant manipulateur me semble tout à fait normal venant d’un bébé.

Ce temps de pause est propice aux rêves. Que deviendra ce petit bout d’homme ? Je vois des enfants skier sur la cour enneigée. Sera-t-il aussi à l’aise sur les skis que celui-ci ou à la traîne loin derrière la maitresse ? Tout est envisageable, tous les domaines du possible sont ouverts et offerts et c’est super.

Il nous faut repartir, l’avion le train, là encore de l’attente avant de replonger dans le bouillon de la vie. Dans le train, les derniers moments de silence, ma décision est prise : je vais écrire à Arthur ce que j’ai vécu pendant ce temps de pause. C’est impératif, même si c’est imparfait.

Et puis là, retour à ces derniers jours, les activités sont suspendues. Comment s’occuper ? J’ai conscience que quelque chose de pas banal se déroule. Je n’ai pas souvent écrit.

C’est peut-être l’occasion. J’ai commencé un journal relatant les évènements et mon ressenti. En cette période intense, de nombreux sujets de société sont abordés : solidarité, poids du politique, les priorités mises en avant, le comportement humain…

Je ne sais si je tiendrai longtemps ce journal, mais sans ce temps de pause obligatoire et accepté, je sais que je ne l’aurais pas ouvert.

Pause.

Loïc Cariou

Bonjour,
J’espère que chacun, chacune, passera le mieux possible ces moments difficiles. 

Nous pensons tous aux sacrifices de tous les soignants, dont on mesure le dévouement, ainsi que celles et ceux qui, malgré les risques, continuent à assurer les soins aux plus fragiles et permettre la continuité de tout ce qui est essentiel à la vie. Vous avez tous des proches en difficulté, que ce soit pour le travail, la gestion des enfants, des malades…

Mais oui! Il faut garder espoir!

Cette catastrophe peut nous obliger à prendre conscience des valeurs essentielles : l’entraide, le vivre ensemble, les choses magnifiques que notre planète nous offre. Alors réfléchissons à nos choix de vie. 

Comme des enfants nous ne résistons pas, moi la première aux tentations : voyages à bas coût pour parcourir le monde dans des pays où la population survit avec des salaires de misère, nourriture surabondante souvent importée avec des modes de production mortifères pour la planète qu’on sait responsable de maladies et de la disparition des insectes, des oiseaux, de la pollution des sols, de l’eau, des matières premières pillées pour lesquelles des guerres sont menées etc.

Réinventons la vie ! Partageons, protégeons et tous ensemble par nos choix de tous les jours, permettons à nos enfants de vivre dans un monde meilleur.  Gardons notre ouverture au monde mais un monde où on a tous sa place !

Ces semaines sont historiques. Il y aura beaucoup de chagrin. Faisons que cela soit une chance!

Soizic Huchet

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